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accoutrement d’hiver, le bizarre aspect d’une bête sauvage dont sa large carrure et sa démarche pesante donnaient à distance l’illusion.

Ce fut M. de Kéralio qui donna l’exemple du courage et de la résistance. Le 15 octobre, accompagné de son ami le docteur Servan et des matelots Guerbraz et Carré, il entreprit, avec un équipage de douze chiens, l’exploration de la côte. Partis du campement, c’est-à-dire du cap Ritter, sur le 76e parallèle, les explorateurs dépassèrent le cap Bismarck et s’élancèrent hardiment vers le nord. La côte se prolongeait presque droite jusqu’au 79e degré. Là, elle obliquait vers l’ouest, et les voyageurs constatèrent avec joie que cette obliquité, se trouvait sous un angle suffisant pour permettre de rejoindre par la route de terre le cap Washington, entrevu par Lockwood en 1882. Restait à savoir si la route de mer serait aussi praticable.

Cette première excursion, accomplie à travers les bourrasques de neige et par une température moyenne de 18 degrés au-dessous de zéro, prit fin au 81e degré. Un pic, vaguement entrevu dans le nord-ouest, reçut le nom de mont Kéralio, en même temps que l’on baptisait cap Servan le promontoire qui servit de limite aux voyageurs.

Il fallut revenir. On avait parcouru 125 kilomètres pendant les quatre premiers jours. Puis, les forces faiblissant, la route devenant plus dure, le froid plus âpre, on n’avait plus marché qu’à raison de 25 kilomètres par jour. L’exploration dura au total un peu plus de quatre semaines. Les sacs en peau de bison furent, pour le couchage, la grande ressource des pauvres pionniers. Ils rentrèrent exténués de fatigue, épuisés par le froid. Par bonheur, l’accueil qu’ils