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naturel que nous nous unissions dans un seul élan d’amour pour la patrie. Haut les cœurs et vive la France !

— « Vive la France ! » répétèrent toutes les voix.

Schnecker, qui se sentait observé, fit comme les autres. Il cria : « Vive la France ! »

Isabelle, gracieusement empressée, circulait dans les rangs, distribuant des coupes à champagne. On entendit le claquement joyeux des bouchons sautant des goulots, et de copieuses rasades furent coup sur coup absorbées. Puis l’eau ronfla dans les théières, tandis que le bol à punch s’enveloppait de flammes bleues et joyeuses.

« Il faut finir gaiement la soirée ! » s’écria la jeune fille.

Tout avait été prévu. Le piano était là, descendu depuis la veille de l’Étoile Polaire. Isabelle s’assit sur le tabouret, et ses doigts agiles coururent sur le clavier. Les officiers donnèrent l’exemple et l’on rivalisa d’entrain : jusqu’à une heure avancée de la nuit. Les danses les plus excentriques furent exhibées. Outre les valses, les polkas, les quadrilles, on goûta le piquant de certaines chorégraphies anormales. Les Canadiens dansèrent des gigues plus ou moins écossaises ; les Bretons exécutèrent des jetés-battus empruntés aux pas de peuplades sauvages jadis aperçues ou étudiées.

Isabelle put prendre sa part du divertissement au bras de son fiancé d’Ermont. Le lieutenant Pol et le docteur Servan étaient tous deux musiciens, et même d’une bonne force sur le piano. Ils remplacèrent donc, à tour de rôle, Mlle de Kéralio.

On chanta du gai et du triste, selon le répertoire de chaque artiste. D’aucuns dirent des vers ou récitèrent des morceaux choisis. Pour finir, on donna une belle séance de projections