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la banquise polaire ne peut être trouée, elle peut toujours être franchie par le haut ou par le bas, par le haut à l’aide d’un aérostat, par le bas avec le secours d’un bateau sous-marin s’immergeant par six cents mètres de fond. Ces deux moyens, il est en notre pouvoir de les employer : nous avons le ballon, nous avons le bateau sous-marin. Nous pouvons donc, vous le voyez, marcher hardiment vers le Nord. À moins d’une catastrophe qu’il est impossible de prévoir à cette heure, nous foulerons du pied le centre même du Pôle, et les couleurs de la France s’y déploieront triomphantes au point que nous marquera la Fortune. »

À ces paroles enthousiastes, l’assemblée se leva frémissante. Au même instant, Isabelle, accompagnée de Tina Le Floc’h, entra dans la salle à manger. La nourrice portait un plateau chargé de verres et de bouteilles ; sur une table, à quelque distance, les apprêts d’un thé et d’un punch attiraient les regards.

Le capitaine Lacrosse dit en souriant au lieutenant Pol :

« Faites entrer tous les hommes. Monsieur de Kéralio désire leur donner lui-même la nouvelle. »

L’ordre fut exécuté sur-le-champ. L’équipage entra respectueusement et se rangea tout autour de la table.

M. de Kéralio répéta ce qu’il venait de dire aux officiers. Il ajouta en terminant :

« Mes amis, l’heure est venue de commencer les grands travaux. Je ne vous rappelle vos engagements que pour vous faire bien comprendre ce que nous nous devons les uns aux autres. Tout va dépendre, le salut autant que le succès, de notre commune entente et de l’union de nos efforts. Donc, avant d’entreprendre nos reconnaissances préliminaires, il est