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car j’imagine que les deux mille tonnes de charbon embarquées sur l’Étoile Polaire ne sauraient suffire d’abord à assurer le calorique de notre demeure, en second lieu à alimenter la chauffe de notre steamer.

— Bah ! monsieur Schnecker, vous avez pu vous assurer que la Providence, mieux informée que nous, à l’apparence, a déjà pris soin de nous fournir du combustible nécessaire. »

C’était le lieutenant Rémois qui avait parlé. Il l’avait fait sur un ton enjoué, plein d’une joyeuse confiance, qui communiqua tout de suite la gaîté à son entourage.

« J’entends bien, reprit le savant. Vous faites allusion au gisement de houille auquel nous avons déjà fait de notables emprunts. Mais, fût-elle encore plus abondante, la mine ne vous suivra pas en voyage. Et quant à l’embarquer, il faut y renoncer ; l’Étoile Polaire ne supporterait pas un pareil excédent de charge.

— L’Étoile Polaire en supportera bien d’autres ! s’écria le capitaine avec vivacité. Et d’ailleurs, en supposant que vous ayez raison, mille tonnes suffiraient amplement à notre pointe jusqu’au cap Washington. »

Le chimiste ne parut pas convaincu.

« Oh ! jusqu’au cap Washington, j’y consens. Mais après ?… Le rapport de Lockwood ne signale aucune trace de terrain houiller dans les parages qu’il a atteints. »

Cette persistance à les contredire agaçait visiblement les explorateurs. Hubert d’Ermont, dont la patience était à bout, fit littéralement explosion :

« Hé ! monsieur, si le charbon nous fait défaut, qui vous dit que nous ne trouverons point un autre combustible ? Tenez, je veux être sincère et ne pas faire languir plus longtemps votre