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« C’est cela, c’est cela même ! s’écrièrent avec enthousiasme les officiers.

— En conséquence, poursuivit M. de Kéralio, nous devons apporter tous nos soins à la conservation de notre navire, car il sera le véhicule probable de notre campagne d’été. Du 1er juin au 15 août, nous pouvons avoir achevé le parcours et résolu le problème que tant d’autres avant nous ont noblement, mais vainement, tenté de résoudre. Une fois au 83e parallèle, sept degrés ne sont pas pour nous effrayer, surtout si, comme l’a écrit Greely lui-même, nous rencontrons au delà la mer libre. »

Il y eut un assentiment chaleureux, et, pendant quelques minutes, la conversation devint générale.

Une voix vint encore jeter sa note discordante dans ce concert d’adhésions.

« Je vous demande pardon, fit Schnecker, si je ne partage point absolument votre confiance. M’est-il permis de présenter quelques menues objections ?

— Cela vous est permis, monsieur Schnecker, répondit M. de Kéralio. Ce sera à nous de vous répondre.

— Fort bien. La première question que je vous pose est celle-ci : Que ferez-vous de la maison de Fort Espérance ?

— Mais, répliqua le capitaine Lacrosse, il me semble que M. de Kéralio a répondu d’avance à cette question. La maison ?… Elle reprendra sa place à bord sous la figure d’écrous et de planches. Elle sera repliée à fond de cale comme avant d’avoir été dressée. Nous la remettrons sur pied pour notre deuxième hivernage au cap Washington.

— Vous ne doutez de rien, capitaine, ricana le chimiste. Où donc prendrez-vous le combustible nécessaire à vos chaudières ?