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ces hautes latitudes. Quelques bandes de loups et de renards isatis se laissèrent voir dans les environs du Fort Espérance, et ce fut une occasion pour Isabelle de courir sus à ces visiteurs importuns. Mais les chasseurs en lurent pour leurs frais de déplacement. Ni renards ni loups ne se laissèrent approcher. On tua néanmoins quelques dovekies, des ptarmigans, de plus en plus rares depuis que l’été touchait à sa fin, et une demi-douzaine d’eiders-ducks.

Le 28 août, il fallut allumer les poêles. Le thermomètre venait de s’abaisser brusquement au zéro, et les gelées n’attendaient plus la nuit pour se produire.

Le docteur Servan, homme très gai, très entreprenant de sa nature, fit décerner à Mlle de Kéralio le titre de « directrice des Beaux-Arts et Jeux Publics ». Lui-même s’inscrivit après elle avec le grade de secrétaire-organisateur.

Dès lors, ni l’un ni l’autre ne connurent le chômage, car le soin du moral des hommes dans une expédition polaire offre plus de souci encore que la surveillance de leur santé physique.

Par leurs ordres, on entretint en bon état tous les jouets nécessaires dont les Anglais, ces gens souverainement pratiques, ne se séparent jamais, tels que balles, ballons, volants et raquettes à main, cricket et croquet, crosse, etc. Une aire de 60 mètres de diamètre, choisie, dans un lieu bien abrité, et balayée, raclée avec une attention scrupuleuse, fut, sur le roc vif, l’arène des distractions et des délassements. Les charpentiers de l’équipage l’entourèrent d’une palissade de pieux reliés entre eux par des cordes goudronnées. On installa, tous les 2 mètres dans son pourtour, des poteaux plus élevés auxquels on devait accrocher des lampes électriques, M. Schnecker