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UNE FRANÇAISE AU PÔLE NORD

Les jours suivants furent consacrés à l’arrimage définitif des provisions qu’on laissait à bord de l’Étoile Polaire. Le gouvernail fut démonté et couché sur le pont. On retira de même les hélices, et les diverses pièces de l’arbre de couche furent soigneusement graissées et enfermées dans un fourreau de cuir tanné. Les embarcations furent enlevées de leurs portemanteaux et saisies solidement sur le pont. Par les mêmes mesures de précaution, on laissa au navire les bas mâts et on le couvrit, d’un bout à l’autre, d’une triple tente, après avoir condamné toutes les ouvertures, à l’exception de l’écoutille donnant accès à l’intérieur.

Il fut convenu à l’unanimité que si la maison subissait quelque avarie, on se réfugierait à bord de l’Étoile Polaire.

Enfin, pour préserver par tous les moyens la coque elle-même de la pression éventuelle des glaces, on l’enveloppa d’un berceau d’acier dont les bandes, reliées entre elles par une série de croix de Saint-André et étirées dans des filières en croix, reposaient sur des poutrelles également de fer, encastrées dans une gangue de bois. Ainsi soutenu, le navire ne devait rien redouter de la pression sur sa quille ou ses flancs. En effet, des charnières permettaient le jeu des arcs-boutants. Les poutres recevaient le choc sur leurs pieds, et, répondant à la poussée, elles élèveraient l’énorme masse du navire jusqu’à le retirer entièrement de l’eau et le tiendraient ainsi suspendu. Ceci était une invention de Marc d’Ermont, dont on allait faire la première épreuve en cette circonstance.

Tous les préparatifs terminés, on n’eut plus qu’à attendre la venue des mauvais jours.

Or ils approchaient à grands pas. On voyait fuir en longues troupes les oiseaux de passage qui se risquent en été jusqu’en