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UNE FRANÇAISE AU PÔLE NORD

Polaire mouillait l’ancre dans le fiord François-Joseph, au pied des falaises de 300 mètres qui allaient l’abriter en même temps que le Fort Espérance.

Les premiers habitants de la station accoururent, poussant des cris de joie, au-devant des hôtes du navire, et ce fut avec la plus touchante effusion que l’on accueillit ceux qu’un instant on avait désespéré de revoir. Ceux-ci, de leur côté, témoignèrent la joie la plus vive à la pensée de se trouver à terre, sous un abri aussi confortable que possible, dressé et aménagé avec tout le soin désirable et en conformité avec les règles de l’hygiène la plus minutieuse. Le soir, il y eut un banquet où des toasts enthousiastes furent, portés au succès de l’expédition.

Le lendemain, on ne se leva que vers dix heures du matin, et M. de Kéralio, entrant, pour la première fois, dans son rôle de commandant, fit rassembler tout le monde afin que l’on donnât lecture du règlement.

Prenant exemple sur l’expédition anglaise de 1876, le corps des officiers de la campagne décida de distribuer les hommes en escouades déterminées par leur but et leurs fonctions. Indépendamment de l’emploi ordinaire de chacun, tous furent soumis à des obligations générales et communes, à un service quotidien, tant à l’intérieur du fort que pour le moment des explorations.

Le partage des attributions ne fut pas le seul souci de cette journée. On fit la revue de l’équipement et des armes, l’inspection de santé, rendue obligatoire par la nécessité de n’assigner à chacun que sa part virile de besogne.

Ce premier recensement fournit, outre le personnel des officiers, une liste de trente matelots et ouvriers, dont vingt