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terrible nuit polaire, s’approchait, et le soleil de minuit s’abaissait sur l’horizon du sud. Vers le 15 août, des bises glaciales avaient épaissi de 6 à 7 centimètres la bordure des terres, et la banquette éternelle des rivages avait pris une teinte bleue, caractéristique des nouvelles stratifications.

On commença à revêtir les costumes exigés par ce rapide abaissement de la température. Afin de conserver aux corps la plus grande somme d’activité, le lieutenant d’Ermont occupa les hommes sans relâche à maintenir libres les abords des passes, en prévision du retour prochain de l’Étoile Polaire. Dans l’intervalle des repos, on construisait, avec tout le soin possible, les ailes de la maison, et vers le 20 août elle se trouva terminée, prête à recevoir son supplément de locataires.

Dès lors on fut dans l’attente de ce retour, et chaque jour les regards anxieux des hivernants interrogèrent l’horizon du sud.

La mer se couvrait de blocs des dimensions les plus variées. Il était évident que la vaste étendue des mers entre le Groenland et le Spitzberg rend beaucoup plus lente sûr ce point la formation des floes, d’une si foudroyante rapidité dans les baies et les détroits du nord de l’Amérique.

Néanmoins, avec la descente continue du thermomètre, l’imminence de la grande congélation s’accentuait d’heure en heure. On voyait accourir du nord les grands icebergs, ou montagnes de glace, avec leur escorte de blocs moindres et de débris de champs qui, en se soudant, constituent le grand pack proprement dit. La température moyenne du mois d’août fut de 6 degrés. Elle était encore très agréable pour des gens qui, dans la zone tempérée, en subissent douze et quinze de moins au fort de l’hiver.