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mourants sur le navire, tandis que le reste s’enfuyait avec des hurlements de douleur et d’épouvante.

Ce fut la fin de ce long siège qui avait duré deux semaines. En outre, le moyen employé, par sa violence même donna les résultats les plus heureux en même temps que les plus imprévus. Sous l’action de cette température de 1700 degrés, la glace fut fendue jusqu’à une profondeur de trois pieds, et l’Étoile Polaire vit encore s’ouvrir le chemin du retour. Ce qui n’était qu’une crevasse les jours précédents, se changea brusquement en une large allée d’eau. Le soleil d’avril vint ajouter sa chaleur plus longue, et conséquemment plus bienfaisante, à l’effet produit par cette tentative violente.

Du haut des barres de perroquet, le commandant Lacrosse put voir la mer se dégager et des morceaux entiers du floe s’en aller à la dérive.

Les ours avaient fui. On descendit sur la glace, on enleva pièce à pièce l’échafaudage de fer qui avait préservé le navire du choc et des poussées du large.

Le steamer, crevant la couche amincie, reposa enfin sur l’eau libre.

Enfin, le 15 avril, un chenal se dessina nettement devant la proue.

Tout était paré pour le départ.

L’Étoile Polaire, tenue depuis deux jours sous pression, donna son premier tour d’hélice. L’éperon d’acier revêtu de cuivre s’enfonça comme un coin dans les blocs rompus, et la bataille contre les débaris commença.

Ce ne fut pas petite besogne que de vaincre tous les obstacles surgissant sans cesse devant l’étrave du vaillant navire. Mais son héroïque équipage avait triomphé de difficultés