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moment même ou il s’apprêtait à perpétrer le plus abominable des forfaits.

Les six bêtes tuées avaient été soigneusement dépouillées : et dépecées, et le proverbe « À quelque chose, malheur est bon » s’était trouvé justifié à la lettre, puisque l’aventure avait fourni à l’équipage de précieuses fourrures avec une ample provision de viande fraîche.

Mais il fallait à tout prix en finir avec les survivants.

L’idée qu’avait conçue le chimiste pour la perle du navire, Hubert la reprit pour son salut.

Il sacrifia donc dans ce but un tube d’hydrogène liquéfié, et, après avoir pris l’avis de ses compagnons, décida qu’on, allait incendier le pont, sauf à éteindre ensuite cet incendie.

Le moyen auquel on eut recours fut très simple.

Les tuyaux qui servaient à la répartition intérieure du gaz furent momentanément mis en contact avec l’extérieur. On disposa toutes choses de manière à interrompre le courant au premier signal. Puis tous les robinets s’ouvrirent à la fois, projetant quatre cents mètres cubes de gaz sur le pont. Il suffit d’y introduire la flamme d’une étoupe placée au bout, d’une perche pour provoquer l’inflammation immédiate de l’hydrogène.

Une véritable trombe de feu balaya le navire de bout en bout, avec une rapide déflagration et un bruit formidable de vent qui s’engouffre dans une cheminée. Les étais et les haubans en fil de fer ainsi que les autres parties du steamer n’eurent que peu à souffrir de ce tourbillon de flammes. En revanche, les hôtes du pont qui paraissaient s’y être établis à demeure, horriblement brûlés par ce déchaînement foudroyant d’un enfer artificiel, laissèrent une douzaine de leurs morts ou