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arrêté. Il fallait au plus tôt se débarrasser de « cette vermine », selon la pittoresque expression des Canadiens.

Ce fut encore Guerbraz qui se dévoua pour aller aux renseignements.

On ouvrit avec précautions les portes qui donnaient du salon sur la galerie de l’arrière. Le hardi gabier, pourvu d’une carabine à répétition et d’un revolver à six coups, se hissa, par une manœuvre courante, jusqu’au niveau du pont.

Les nouvelles qu’il rapporta furent des plus rassurantes.

Surpris et effrayés par les détonations, les ours s’étaient empressés de fuir ce lieu plein de trépidations et de bruits sinistres. Il n’en restait plus que deux sur le pont.

Hubert, le commandant Lacrosse, les lieutenants Pol et Hardy firent escorte à Guerbraz. Trois coups de feu bien visés suffirent à jeter bas les deux retardataires. Après quoi, malgré la rigueur du froid, les escouades reprirent le service de quart à l’extérieur, il fallait rendre impossible toute nouvelle tentative des animaux.

Depuis l’équinoxe on était rentré dans le jour perpétuel, dans les clartés du soleil de minuit, et, sauf une demi-heure de ténèbres, on n’avait plus que la lumière à redouter. Il était certain qu’elle offrait infiniment moins de dangers que la nuit polaire.

Néanmoins, si courte que fût la durée de la nuit, on se tint sur ses gardes pendant sa brève durée.

Des projecteurs électriques furent installés au niveau de la batterie, et de puissants faisceaux de rayons fouillèrent la surface embrumée de l’icefield.

En même temps, deux des canons-revolvers Hotchkiss furent mis en batterie, et leur première décharge, frappant tout un