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mand fut culbuté, saisi par les griffes de la bête, broyé entre ses bras puissants. Et deux fois la gueule hideuse du plantigrade se referma sur la tête de Schnecker, littéralement en bouillie. L’animal mis en goût par cette occurrence qui lui donnait un festin là où il ne cherchait qu’une issue pour sa fuite, commença à dévorer le cadavre pantelant du chimiste.

Cependant les cris de celui-ci avaient été entendus. On accourait de toutes parts.

Mais, avant tout le monde, Isabelle de Kéralio, emportée par sa généreuse vaillance, s’était élancée au secours du misérable traître.

Elle avait saisi sur une tablette dominant le lit de la malade un revolver faisant partie de l’arsenal général du navire. L’arme rapidement et s’élancer au dehors n’avait été pour elle que l’affaire d’un instant. Elle avait couru tout droit à la cabine de Schnecker.

Mais, si prompts qu’eussent été ses mouvements, elle avait été précédée.

Salvator, le fidèle Salvator avait compris, lui aussi, que ceux qu’il aimait couraient un grand péril.

Et d’un seul élan, sans réfléchir, sans mesurer son courage au danger qu’il allait affronter, il s’était rué sur l’ennemi, et l’avait pris à la gorge.

Mais le pauvre chien avait trop présumé de ses forces. Quelle que fût sa vaillance, il ne pouvait sortir vainqueur d’une pareille lutte. Aussi le monstre l’avait-il saisi sous son énorme patte et menaçait-il de lui broyer les reins sous sa formidable pression. Il advint même que Salvalor ne dut son salut qu’à une circonstance banale.

L’ours, en effet, troublé dans son occupation, laquelle con-