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Tout favorisait son projet. L’équipage était distribué sur tous les points où sa présence était nécessaire, et l’arrivée inopinée des ours avait appelé tous les hommes sur un seul point.

Le chimiste parvint donc sans encombre jusqu’à la chambre de chauffe. Elle était vide.

Mais, arrivé là, il s’aperçut que, par mesure de prudence, Hubert d’Ermont avait séparé le tube en fonction de la chambre de dilatation. Il n’y avait donc dans les tuyaux de distribution que l’hydrogène déjà réparti par le récipient. Pour ouvrir, celui-ci, ou pour rompre l’un des conduits, il fallait opérer une pesée violente.

Schnecker n’avait pas d’outils sous la main.

Il revint donc en courant dans sa cabine et oublia d’en fermer la porte, saisissant à la hâte une pince et un marteau.

Soudain un souffle rauque, une sorte de grognement le fit se retourner.

Il s’arrêta, livide, sans voix, et ses cheveux se dressèrent sur sa tête.

L’ours, cherchant une issue, et n’ayant pu forcer la porte d’Isabelle, venait de pousser celle du chimiste. Il entrait sans résistance dans la cabine du traître, qui n’avait point prévu cette violation de domicile.

Alors il se passa une scène effroyable.

La bête, irritée, se dressa sur ses pattes de derrière, emplissant l’étroit réduit de l’énorme volume de son corps.

Schnecker jeta un cri perçant, inarticulé. Il essaya de fuir.

Mais le monstre, croyant sans doute à une attaque, se fit lui-même agresseur. Une lutte furieuse s’engagea. Elle ne fut pas longue ; elle ne pouvait pas l’être. En un clin d’œil l’Alle-