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première relâche de l’Étoile Polaire dans des eaux françaises, il ne vivait plus que pour sa colère et préparait lentement sa vengeance.

« Mourir pour mourir, s’était-il dit, autant vaut que ce soit tout de suite de la mort que j’aurai choisie, et en détruisant jusqu’au souvenir de cette expédition dont il doit revenir tant de gloire à ces hommes qui m’ont condamné et que j’exècre. »

L’occasion venait de s’offrir à lui de mettre à exécution son infernal projet.

L’ordre qu’on avait donné d’éteindre les feux quels qu’ils fussent, ne devait s’exercer que pour quelques minutes, le temps de laisser l’air extérieur purifier l’atmosphère du steamer. En conséquence, les poêles demeuraient en état, prêts à reprendre leur combustion. Il en était de même des cheminées centrales. Quant aux tubes, ils allaient demeurer ouverts, continuant à déverser leur gaz dans la chambre de dilatation.

Il suffisait donc que Schnecker pût atteindre celle-ci, ouvrir les robinets conducteurs et en approcher une flamme, pour déterminer à l’instant une épouvantable catastrophe. Une explosion formidable se produirait, et l’hydrogène, à l’instar des terribles carbures dont il est le générateur et que l’on connaît dans les mines sous le nom redouté et uniforme de grisou, se répandrait en tourbillons de flammes dans l’intérieur de l’Étoile Polaire, détruisant tout sur son passage, brûlant le malheureux navire et les infortunés qu’il renfermait.

L’horrible joie du misérable dut être pareille à celle qu’éprouverait un démon en face des fléaux qu’il déchaîne.