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L’hercule redescendit l’échelle avec ses compagnons, en jetant l’alarme dans l’intérieur du navire.

Quant à l’ours, trouvant la place vide et le chemin libre, il s’était avancé en reniflant, et au moment où les hommes reparurent avec des armes, ils trouvèrent le gigantesque animal à l’entrée de la coursive.

Immédiatement carabines et revolvers eurent accueilli l’intrus de la bonne façon. Il n’alla, pas loin. Dès le second pas qu’il fit sur les tapis de toile cirée, il tomba mort.

Malheureusement, derrière lui, trois autres ours avaient pénétré.

Deux d’entre eux, effrayés par les détonations, remontèrent l’échelle plus vite qu’ils ne l’avaient descendue.

Le troisième, tout aussi affolé, se trompa de direction et se jeta dans la partie de la coursive qui menait aux chambres.

Or c’étaient là précisément que se trouvaient les malades.

En ce moment, Isabelle, assise auprès de sa nourrice, s’efforçait de consoler la pauvre femme. Une pieuse conversation s’était engagée entre elles, et la jeune fille, suppléant autant qu’elle le pouvait aux encouragements d’un prêtre, entretenait la Bretonne des fortifiantes espérances de l’immortalité.

« La vie est courte, ma bonne nourrice ; tous, un jour ou l’autre, nous devons la quitter. Heureusement qu’elle n’est qu’un passage, et qu’au delà de la mort nous entrons dans la vraie vie, celle où le deuil et la souffrance sont inconnus, où nous jouissons sans fin du bonheur, et de la présence des êtres que nous avons chéris en ce monde. »

Elle parlait ainsi, essuyant les larmes qui coulaient des yeux de la pauvre femme, mettant tout son cœur dans ses