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Afin de ménager autant que possible les transitions, on commença par ouvrir les sabords un à un. Quand le niveau de la température se fut ainsi abaissé à zéro, on interrompit le chauffage au gaz, en se tenant prêt à le reprendre aussitôt. Puis on enleva le capot du grand panneau.

En ce moment, un bruit singulier qui se fit sur le pont attira l’attention du personnel.

Des pas lourds, des raclements significatifs, un bruit de cordes qui se rompent, un bris de bois, indiquaient la présence d’hôtes imprévus sur le navire.

Aux premières rumeurs, les gens de l’équipage comprirent à quel genre de visiteurs on avait affaire.

« Les ours ! » s’écria Guerbraz qui surveillait la manœuvre d’aérage.

Il n’eut pas le temps d’en dire davantage : les planches du panneau craquèrent sous un poids considérable et s’enfoncèrent à l’instar d’une trappe qui se rabat sur leurs supports tordus.

La gueule sanglante et les yeux rouges d’un ours apparurent dans la baie découverte, en même temps qu’un courant d’air glacé faisait violemment irruption dans les flancs du navire.