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La provision d’oxygène liquéfié était épuisée. Il n’en restait plus qu’un tube, réservé avec le plus de soin possible pour les cas extrêmes, et spécialement pour l’usage des malades.

Il était urgent d’aérer les chambres et la batterie, et l’on n’avait pu le faire jusqu’ici qu’en ouvrant avec précaution quelques-uns et l’invasion de l’acide carbonique délétère rendait nécessaire une aération totale et complète.

Ce n’étaient pas seulement les gaz du chauffage quotidien qui entretenaient cette atmosphère méphitique, c’étaient surtout les respirations accumulées dont quelques-unes sortaient des poitrines malades ; c’étaient enfin les exhalaisons des cuisines, dont les odeurs rancies empestaient au loin l’air ambiant et devaient surexciter étrangement au dehors l’appétit vorace des ours à jeun.

L’équinoxe était passé. La détente du froid que l’on avait espérée ne se produisait pas encore.

Le 22, les officiers, sur le conseil du docteur Sevran, décidèrent que l’on enlèverait les capots des écoutilles, et que, malgré une température de 30 degrés au-dessous de zéro, on laisserait pendant quelques minutes l’air extérieur pénétrer dans le navire.

Après d’assez longs débats, on s’était refusé à distribuer le contenu du dernier tube d’oxygène.

On prit donc toutes les précautions indispensables pour atténuer la brusque entrée du froid, car on n’avait point à se dissimuler que l’ouverture des panneaux allait amener un abaissement énorme de la température, celle-ci étant encore de 6 degrés dans l’intérieur du navire, grâce au chauffage de l’hydrogène.