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En un clin d’œil l’ours mort fut déchiqueté et dévoré par ses frères voraces.

Cela fait, et sans autre souci de leur brutale action, les plantigrades s’élancèrent de nouveau sur la piste des fugitifs.

Mais ceux-ci, aidés et protégés par leurs camarades du steamer, avaient pu enfin atteindre le navire, et la bande grondante n’arriva au pied de l’Étoile Polaire que pour voir les derniers membres de la colonne empoigner les échelles et les cordes à eux préparées pour réintégrer le bord.

Déjà, par un sabord artistement ménagé dans la carcasse du navire par le maître charpentier du bord, on avait fait entrer les chiens et mis à l’abri le traîneau avec toute sa cargaison.

Ce dut donc être pour les ours une cause de singulier désappointement. Mais comme les ours sont des animaux philosophes et patients, ils s’assemblèrent en conseil autour du navire, et en firent un siège dans toutes les règles.

Ce n’était pas que leur présence fût, en soi, bien inquiétante. Mais elle était gênante.

En effet, tant que ces voisins incommodes se tiendraient là, il ne faudrait pas songer aux excursions qu’imposait l’hygiène la plus élémentaire. Il devenait donc nécessaire de s’en débarrasser au plus tôt.

Il fut décidé qu’on ne balancerait pas dans le choix des moyens. Les plus violents et les plus expéditifs furent réputés les meilleurs.

Les assiégés se distribuèrent donc en trois sections de dix hommes chacune, dont la première eut pour chef le