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pressait. En un clin d’œil l’immonde cohue d’animaux antédiluviens lut dispersée et s’enfuit dans toutes les directions.

« Il était temps, prononça Hubert avec un sourire de soulagement. Dieu soit loué ! Si ce moyen ne m’avait pas réussi, il ne m’en restait plus qu’un, et encore n’avais-je qu’une médiocre confiance en son efficacité.

— Lequel ? questionna Isabelle de Kéralio encore agitée par son émotion.

— J’aurais mis l’un de nos tubes d’hydrogène liquide en contact avec l’eau et je l’aurais ouvert brusquement. Il s’en serait suivi un abaissement foudroyant de la température et nous aurions tué ainsi un nombre assez respectable de ces vilaines bêtes qui ont eu le mauvais goût de survivre au déluge. »

Tandis que se tenait cette conversation, la Grâce de Dieu s’éloignait à toute vitesse du dangereux voisinage des monstres.

Le sous-marin avait rencontré un couloir spacieux qu’il suivait dans sa plus grande longueur.

Pendant quatre heures consécutives il navigua de la sorte sans faire de mauvaise rencontre.

Enfin, à la diminution progressive de l’illumination intérieure, les passagers comprirent qu’ils sortaient de la zone magnétique pour rentrer dans celle des terres moins favorisées. Il fallut recourir aux projecteurs du bateau sous-marin, et l’un des premiers rayons émanés, de ce puissant foyer montra le fond à moins de vingt brasses.

Le bateau vida ses réservoirs et remonta à la surface.

Tout ce qu’avait pressenti Hubert d’Ermont se réalisait.

Le sous-marin flottait sur une nappe d’eau douce d’une merveilleuse limpidité, enfermée en une vaste caverne presque entièrement semblable à celle du Pôle lui-même. Un point clair,