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— Qu’allons-nous devenir ? » murmura Isabelle terrifiée.

Le spectacle devenait en effet terrifiant. Le frêle bateau était entré dans une véritable fourmilière de monstres des âges antérieurs à l’époque quaternaire. Ceux-ci avaient survécu aux catastrophes du globe. Ils avaient trouvé dans les eaux douces et chaudes du centre de la terre un abri contre le refroidissement de la surface. Et la présence de cet intrus, de ce poisson en tôle, inférieur en taille à plusieurs d’entre eux, puisque le torpilleur sous-marin n’avait pas plus de douze mètres de longueur, les avait étonnés d’abord. Maintenant elle les irritait.

Aussi, groupés à l’entour, formant une sorte de ligne tacite, ils s’avançaient en rangs serrés à l’encontre du sous-marin.

Une attaque simultanée eût certainement mis en pièces la Grâce de Dieu.

D’Ermont ne perdit pas la tête. Il eut recours sur-le-champ à un moyen radical.

Rassemblant en un tas les divers couples de la batterie qui servaient à l’éclairage du bateau, il mit cette pile d’un nouveau genre en contact immédiat avec la carapace du torpilleur, la transformant ainsi elle-même en une bobine d’une incalculable puissance.

« Tenez-vous bien ! cria-t-il à Isabelle et à Guerbraz, et serrez les fourreaux de verre des mains-courantes. Il est probable que nous allons être secoués. »

il n’avait pas fini de parler, qu’une demi-douzaine de bêtes apocalyptiques se ruèrent sur le bateau.

Le choc fut rude. Vingt-deux couples réunis avaient donné au torpilleur une force capable d’abattre un troupeau de bœufs. Les monstres ne s’attendaient aucunement à ce choc, qui, par leur intermédiaire, se transmit à la foule entière, qui les