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poser venus des terres lointaines et glacées qui avoisinent le pôle. Il fallait donc qu’ils eussent dans l’îlot même leur séjour et leur nourriture.

Un matin, Hubert put constater que la faune de l’île s’était accrue d’un ou deux oiseaux nouveaux appartenant à la famille des grands-ducs. C’étaient de ces grands harfangs que l’on retrouve aussi bien dans les mines creusées de main d’homme que dans les déserts glaciaires. En suivant le vol de l’un d’eux, d’Ermont le vit se plonger brusquement dans le gouffre laissé par la retraite des eaux du lac. Il en conclut immédiatement que ce gouffre devait être fait de vastes cavités tantôt sèches, tantôt submergées. Déjà il avait pu constater que les eaux du lac étaient douces.

De là à former le projet de sortir du pôle par le lac, il n’y avait qu’un pas.

Une série de calculs trouvés exacts permit au jeune homme d’acquérir la certitude que son projet n’était pas seulement raisonnable, mais encore d’une exécution relativement facile.

Il se mit donc à l’œuvre, en compagnie de Guerbraz, et le torpilleur démonté fut transporté, puis remonté pièce à pièce sur les bords du lac.

« Que comptez-vous donc faire ? » demanda curieusement Isabelle.

Le jeune homme sourit et lui expliqua son plan.

« Ma chère Isabelle, dit-il, vous allez me comprendre tout de suite. L’eau de ce lac est douce, preuve qu’elle n’a aucune communication avec la mer. Elle met douze heures à remplir une cavité de 120 mètres de profondeur sur une largeur moyenne de 1000. Ceci vous prouve qu’une immense nappe souterraine s’étend aux alentours du Pôle, et que de chaque