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La question était redoutable. Il fallait s’appliquer sans retard à la résoudre.

On fit une première tentative.

Elle consista à pousser le sous-marin dans la ceinture même de l’îlot, et d’essayer, au moyen de l’hélice, de remonter jusqu’à la crête de cet étrange ras de marée.

L’effort fut infructueux. Le frêle bateau en tôle d’aluminium ne put triompher de la résistance des eaux. Le mouvement giratoire du cercle s’exerçait avec la même force des deux côtés de sa ligne, mais, de celui-ci, on n’avait pas la faculté de s’immerger, puisqu’il fallait remonter une pente de vingt mètres sans le secours d’aucun support liquide.

Le désappointement des voyageurs fut grand. Un moment même, il faillit se changer en désespoir.

« Sommes-nous donc condamnés à demeurer enfermés au Pôle ? » demanda Isabelle.

Elle souriait en parlant ainsi, mais il y avait de l’inquiétude dans ses paroles.

« Non, répondit Hubert qui ne voulait que la rassurer. Nous sortirons d’ici. Mais combien je regrette que nous n’ayons pas emporté le ballon avec nous ! La force centrifuge qui nous interdisait l’entrée du Pôle nous eût, au contraire, grandement servi pour en sortir. »

Deux mortelles journées s’écoulèrent au milieu de ces perplexités et de ces angoisses.

Tous les jours, le lieutenant de vaisseau revenait sur les bords du lac et en interrogeait les sombres profondeurs. Il avait fait ainsi diverses observations qui ne laissaient pas de le troubler. Insectes et papillons enfermés dans l’île n’étaient pas assez puissamment doués pour le vol pour qu’on les pût sup-