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Cependant, ils s’étaient arrêtés. La fatigue les domptait enfin. La présence du jour continu les avait étrangement abusés, et leurs esprits, sollicités par les merveilles qu’ils rencontraient à chaque pas, ne leur avaient point permis de supputer exactement les heures. Quand Hubert s’avisa de consulter les instruments, il s’aperçut que vingt-deux nouvelles heures s’étaient écoulées depuis leur débarquement sur l’ilot.

Vingt-deux heures, une nuit et un jour ! La nature reprit ses droits et réclama le sommeil. Ils dressèrent la tente. Les sacs étaient inutiles sous une pareille température. Ils ne les ouvrirent donc pas et se jetèrent dessus tout habillés.

Un long et lourd sommeil les tint immobiles pendant des heures. À leur réveil, quelle ne fut pas leur surprise de constater que le lac avait reparu, et que la colonne du jet s’élevait, comme la veille, à 150 pieds d’élévation, se couronnant d’un panache de diamants liquides.

« Ho ! ho ! s’écria d’Ermont, je commence à comprendre. Ceci est une fontaine intermittente, une sorte de geyser merveilleux. La nappe qu’il décèle se trouve, grâce au mouvement de la terre, tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de l’orifice que nous avons présentement sous les yeux. De là, la fuite régulière des eaux et leur retour périodique toutes les douze heures. Quant au jet d’eau, il est dû certainement à une pression supplémentaire, et sa grande hauteur a pour cause la pesanteur moindre de l’air au pôle qu’à l’équateur. »

Cette seconde hypothèse était aisément contrôlable, et fut tout de suite confirmée par le témoignage du baromètre. Pour vérifier la première, d’Ermont eut recours à un procédé fort simple.

Il alla se placer à l’extrémité opposée du lac et jeta à la sur-