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Hubert, de plus en plus stupéfié, essayait de se fournir à lui-même la solution de cet étrange problème.

À vrai dire, il en trouvait une, mais elle ne le satisfaisait qu’à moitié.

Il fallait admettre que l’îlot était formé d’un seul fût granitique, ne laissant aucun accès à la mer par une fissure quelconque. De cette manière on pouvait comprendre que la rotation du globe autour de son axe suffit à tenir les eaux environnantes perpétuellement au-dessus du niveau de la terre, et que cette miraculeuse barrière se dressât ainsi à la façon d’une invraisemblable digue, mille fois plus sûre et de meilleure garantie que tous les travaux analogues dus à la main des hommes. Seuls le lent effort et l’influence millénaire de la précession des équinoxes pourraient modifier un jour cet état de choses, qui confondait la raison humaine.

Mais, cette hypothèse, il fallait la vérifier, et l’on n’en avait guère le moyen.

Les trois compagnons s’enfoncèrent dans l’intérieur de l’île et cherchèrent à en gagner le centre.

Mais, ici, la boussole n’était plus d’aucune utilité. L’aiguille aimantée, littéralement affolée, ne donnait plus aucune indication précise. Elle demeurait dans telle direction qu’on voulait lui donner. Pas d’étoile suffisamment déterminée qui pût servir de guide, bien que, malgré la lumière du jour, on pût distinguer un grand nombre de constellations, et plus spécialement la Grande Ourse.

Il fallut donc essayer d’un moyen artificiel.

Hubert prit pour point de repère le sous-marin lui-même, échoué sur le sable de la côte. Il le fit mater et fixa au bout du mât une gaffe surmontée d’une flamme tricolore. Puis, mesu-