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Mais la terreur éprouvée par Isabelle n’avait pas été de longue durée.

La première secousse l’avait renversée sur le sol Mais elle venait de se relever saine et sauve et accourait en riant à la rencontre de son cousin.

« Eh bien, Hubert, cria-t-elle, vous voyez que je n’en suis pas morte.

— Vous êtes une imprudente, Isabelle, reprocha affectueusement le jeune homme. Ne vous étiez-vous donc pas aperçue que cette terre est absolument saturée d’électricité ?

— Non, en vérité, je ne m’en étais pas aperçue. Maintenant l’expérience est faite, il n’y a plus lieu de revenir sur le sujet. C’est égal. Quel pays d’enchantements que ce Pôle !

— Ah ! ma foi, oui, mademoiselle », opina Guerbraz, qui venait d’atterrir à son tour sans recourir au moyen d’Hubert, et qui, comme la jeune fille, avait été renversé, lui aussi.

« Eh bien, conclut d’Ermont, il ne nous reste plus qu’à prendre connaissance de notre îlot. »

Ils se mirent sur-le-champ en campagne, et commencèrent à explorer la côte.

Ce leur fut un long sujet d’étonnement et de curiosité admirative d’étudier ce premier aspect.

Ils remarquèrent, tout d’abord, cette étrange densité de l’eau ceignant l’île à la façon d’une contrescarpe de place forte. Comme humé par quelque succion gigantesque, le flot s’élevait par une pente douce, longue de cinquante mètres environ, jusqu’à une hauteur de vingt mètres, formant ainsi avec la terre polaire une véritable cuvette dont cette terre était le fond.

On voyait celle-ci s’enfoncer, se prolonger sous ce remblai de vagues si denses qu’on les eût dites solidifiées.