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viennent cette végétation et ce climat paradisiaques pendant l’absence du soleil ? »

Personne ne pouvait lui répondre, et pour cause. La nature, toutefois, allait se charger de lui fournir elle-même l’explication de cette bizarrerie inconcevable.

L’officier avait remarqué qu’au moment où l’étrave du torpilleur sous-marin touchait la côte, une lueur rapide s’était allumée à l’avant et une secousse assez violente avait rejeté le bateau dans la mer. Mais, l’instant d’après, et par une série de petites étincelles déchargeant à la longue l’énorme condensation fluidique du sol, la frêle coque d’aluminium avait fini par atterrir.

Cette observation avait suffi pour mettre le lieutenant de vaisseau sur ses gardes.

Il s’était dit, avec raison, que l’îlot tout entier remplissait l’office d’une bouteille de Leyde, et que tout contact suffisait pour rompre l’équilibre des forces magnétiques épandues à la surface.

En conséquence, il ne faisait pas bon mettre le pied sur cette terre sans avoir pris soin, au préalable, d’atténuer le choc de la décharge électrique. Il courut donc à l’avant du bateau et y prit une gaffe. Il se disposa à s’en servir comme d’une perche pour sauter.

Il n’eut pas le loisir d’appliquer sa théorie. Une expérience venait de la confirmer.

En effet, Isabelle, sans attendre l’avis de son cousin, et n’ayant aucun soupçon du danger qu’elle pouvait courir, venait de s’élancer légèrement du pont du sous-marin sur la rive.

Un cri de terreur avertit Hubert qui, d’un seul élan, aidé de sa gaffe, avait, lui aussi, abordé.