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Comme un éclair, la vérité éblouit d’Ermont, vérité qu’il n’aurait osé présumer.

« La rotation de la terre ! » dit-il à demi-voix, tandis que Guerbraz le regardait sans comprendre.

Et aussitôt le jeune officier donna au matelot quelques indications précises.

Au lieu d’entrer en lutte directe, impossible d’ailleurs, avec l’énorme force centrifuge qui mouvait les flots dans le sens même du pivotement du globe autour de son axe, le sous-marin attaqua obliquement les remous concentriques. Hubert était certain désormais de n’avoir point à redouter l’attraction vortex aspirant, puisque, contrairement au Maelström qui dévore les navires, l’entonnoir dont le lieutenant de vaisseau devinait maintenant la présence chassait du centre à la périphérie les corps ballottés par les eaux.

Il y avait plus de six heures que Mlle de Kéralio reposait. Hubert estima que ce repos pouvait suffire à la jeune fille, et, ne voulant pas la priver plus longtemps de la magie d’un tel spectacle, en prévision, d’ailleurs, d’événements inattendus et soudains, il se décida à l’éveiller.

Ce fut une exclamation de joie qui s’échappa des lèvres de la jeune fille.

Ainsi le problème objet de leurs investigations et de leurs recherches avait reçu sa solution pendant son sommeil. Endormie au fond des eaux, elle ouvrait les yeux au grand jour. Sa poitrine respirait l’air libre et pur. Et le Pôle était là, tout près d’eux, à quelques kilomètres au plus du cercle de leur rotation.

« Y allons-nous ? demanda-t-elle sans autre préambule à son fiancé.