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l’élévation et l’accroissement de la couche d’acide carbonique.

Toutes les choses ainsi réglées et assurées, le lieutenant de vaisseau jeta un regard d’affectueuse sollicitude sur le brave Guerbraz, son hardi compagnon d’aventure, et sur cette jeune et belle créature, destinée à devenir son épouse lorsqu’ils auraient mené à bonne fin leur périlleuse expédition, puis il vint se placer au centre même du torpilleur et en accéléra la vitesse.

Le torpilleur reprit l’allure de quatorze nœuds.

Cependant d’Ermont n’était pas rassuré. Depuis qu’il se trouvait seul, n’ayant plus à composer son visage, à masquer ses inquiétudes, son front était devenu soucieux. M. de Kéralio lui avait parlé, sans doute, de ce voyage souterrain, mais il ne lui en avait pas fait prévoir la durée. Or l’officier de marine trouvait maintenant que cette durée se prolongeait outre mesure.

Cette immersion continue sous les flots l’effrayait ; un malaise profond le gagnait.

Il lui semblait que cette voûte se faisait écrasante au-dessus de sa tête.

Un instant il pensa que ce n’était là qu’un effet de la contrainte morale imposée par l’invraisemblable situation où il se trouvait. Il dut bientôt reconnaître qu’une cause toute physique y ajoutait un péril plus grave.

L’atmosphère se viciait de plus en plus. Les couches basses, sous la pression de l’air respirable, dégageaient lentement de l’oxyde de carbone. Le gaz carbonique élevait ses couches. Elles montaient à présent à un pied au-dessus du niveau du plancher. Deux des bougies allumées tout à l’heure s’étaient éteintes.