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jaillissait, bleu ou violet, jaune ou couleur d’opale, et soudainement la mer éclairée se laissait voir à d’incommensurables profondeurs.

« Voyez-vous, Isabelle, dit tout à coup Hubert, je trouve ici l’explication des aurores boréales si nombreuses dans les régions glacées. Il est manifeste pour moi, en ce moment, que les deux Pôles sont d’immenses condensateurs de fluides, et que les illuminations merveilleuses de ces eaux doivent projeter dans le ciel ces clartés étranges qui nous ont tant de fois stupéfiés d’admiration pendant notre hivernage de l’an passé.

— Vous devez avoir raison, Hubert, répondit la jeune fille. Mais, selon vous, quelle serait la cause de ce phénomène ?

— Je la cherche, fit le jeune homme, et ne la trouve pas. À moins que, pour expliquer ces effluences lumineuses en même temps que la force centrifuge qui repoussa votre père, nous n’admettions l’existence au Pôle d’un foyer extraordinairement actif de mouvement, quelque chose comme une cataracte géante déplaçant des milliards de mètres cubes d’eau.

— Et une telle cause suffirait à expliquer tout ce que nous voyons ?

— Sans doute, puisque la chaleur, la lumière, l’électricité ne sont que des modes d’un même principe, le mouvement. »

Ils furent interrompus à ce point de la conversation par un cri de Guerbraz.

Le matelot, qui se tenait à l’avant, l’œil appliqué aux lentilles de verre, attentif à surveiller la route, venait de jeter cette exclamation :