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à air fournissait aux besoins de la respiration, et Hubert, par mesure de précaution, y avait installé six tubes d’oxygène liquéfié par les procédés déjà connus.

Mais la merveille, dans ce mécanisme ingénieux, était l’application qu’avait su faire M. de Kéralio en personne d’un moteur à gaz, avec la collaboration entendue et sagace des frères d’Ermont.

Il était disposé de la manière suivante :

L’hydrogène, au sortir du tube d’acier, se déversait en une première, chambre de dilatation, destinée à en amortir la violence, puis était introduit dans le cylindre moteur contenant le piston, par le jeu alternatif d’un tiroir. Mélangé à son passage à une certaine quantité d’air, le gaz était traversé par l’étincelle d’une bobine Ruhmkorff. Sous cette influence, la combinaison de l’hydrogène avec l’oxygène ambiant donnait naissance à de l’eau, reçue par un déversoir et refoulée au dehors par une pompe d’une grande puissance, tandis que la dilatation du reste du mélange, agissant successivement sur les deux faces du piston, produisait le va-et-vient de celui-ci. À chaque terme de sa course, le gaz s’échappait par des orifices externes, cheminées percées de conduits capillaires inaccessibles à l’invasion de l’eau. Le mécanisme de la distribution consistait donc dans l’oscillation des tiroirs, ouvrant et fermant à tour de rôle les orifices du cylindre, et dans l’ouverture alternative de circuits faisant passer l’étincelle électrique dans les appareils inflammateurs.

C’était donc là le dernier mot, en quelque sorte, de la navigation sous-marine, et les voyageurs avaient entre leurs mains le plus puissant des agents, sous la forme de tubes qui contenaient l’hydrogène liquéfié ou solidifié.