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fatigues et à nos travaux, après la dure expérience que vous venez d’en faire. D’ailleurs M. Servant, ici présent, vous donnera les conseils dictés par la science et par son amitié. Le sous-marin peut recevoir cinq hommes à son bord. Nous ne serons que trois pour mener à bonne fin l’entreprise : Guerbraz, moi et un troisième que nous choisirons. »

Une voix s’éleva, vibrante et sonore, la voix d’Isabelle.

« Le troisième, ou plutôt la troisième, ce sera moi. Puisque l’état de santé de mon père ne lui permet pas de prendre la part qu’il s’était réservée de la découverte, moi sa fille, j’occuperai cette place, et j’ose croire que je ne vous serai point inutile. »

On essaya vainement de dissuader Isabelle ; M. de Kéralio s’y employa plus que personne. On ne parvint point à la convaincre, à ébranler son enthousiasme.

Alors, comme le temps pressait, comme il fallait profiter des derniers jours de l’été, on décida de ne point différer davantage l’expédition. Tout fût considéré, supputé, pesé avec soin. Huit jours au plus devaient suffire aux aventureux explorateurs pour atteindre l’axe du monde et en revenir. M. de Kéralio, quelque désir qu’il en eût, se rendit aux sages avis du docteur Servant ; il fut convenu qu’il demeurerait sous la tente, en attendant le retour du bateau sous-marin, ou que, guidé par une escouade de marins, il regagnerait l’abri de l’Étoile Polaire, encore en station d’hivernage à l’île Courbet. Il s’arrêta au premier de ces deux partis, non sans laisser échapper des soupirs de regret.

Toutes choses ainsi réglées, on dégagea le sous-marin de sa gangue de glace. On en visita avec soin toutes les parties,