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chose d’insolite s’accomplissait derrière ce rempart de glaçons, et d’ailleurs confirmée dans le soupçon qu’elle avait précédemment conçu d’une cavité existant sous le hummock, la jeune fille en tenta l’escalade et y parvint sans trop de difficultés.

Alors s’accomplit ce qui pouvait être une catastrophe malheureuse et qui ne fut, par bonheur, que la cause occasionnelle du salut de M. de Kéralio.

La glace, très mince, céda sous le poids d’Isabelle, et celle-ci s’enfonça à travers un véritable tube de neige dont le niveau inférieur touchait le capot demeuré ouvert du sous-marin.

Ce fut là que la pauvre enfant découvrit son père inanimé et, plus loin, les cadavres des deux matelots. Son désespoir fut immense.

Mais comme c’était une femme pleine d’énergie, elle commença par faire tous ses efforts pour conserver à son père le peu de souffle qui lui restait. Par miracle, elle avait sur elle le petit barillet d’eau-de-vie que prescrivait le règlement des médecins. Elle en fit usage sur-le-champ pour humecter le front, les lèvres et la poitrine du malheureux évanoui, pour réchauffer ses membres inertes et glacés.

Ce fut ainsi que la retrouva Hubert d’Ermont lorsqu’il eut découvert Salvator acharné à creuser un passage dans la glace. Car, tandis que la jeune fille, au péril de sa propre existence, se dévouait auprès de son père, le froid impitoyable refermait peu à peu le passage au-dessus d’elle et allait l’ensevelir avec les pauvres oubliés.

Tout ce qui s’accomplit à la suite se passa à travers les variations les plus étranges de la température. La tourmente