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avait subi le plus rude assaut de la tourmente. Un instinct l’avertissait que c’était là, et point ailleurs, qu’elle retrouverait les malheureux disparus.

Elle ne s’était pas trompée. Avec une puissance extraordinaire d’observation, avec une sûreté de jugement où la sagacité naturelle de la femme s’aidait de toutes les ressources d’une assez longue expérience, Mlle de Kéralio avait bien vite appris à distinguer les hummocks entre eux, et, par la diversité de leurs apparences, ceux dont la masse révélait des cavités profondes.

Ce fut ainsi qu’elle fut amenée devant le monticule qui recouvrait le bateau sous-marin, et que, surprise d’abord, elle voulut étudier de plus près les formes et les dimensions anormales de cet édifice de la nature.

Déjà Salvator l’avait rejointe et la suivait en bondissant.

Tout à coup le chien, arrivé au pied du hummock, fit entendre un sourd grondement, bientôt suivi d’une longue clameur qui fit frissonner la jeune fille. Fatiguée de sa course, n’ayant pas pris de nourriture depuis douze heures, elle était nerveuse et impressionnable à l’excès.

Mais à cette espèce de terreur superstitieuse succéda promptement une recrudescence d’énergie.

« Va, bon chien, cherche, fouille ! » commanda-t-elle en caressant Salvator.

Le terre-neuve bondit, en aboyant furieusement, contre les murs du hummock ; il en fit le tour en courant et multipliant ses signes d’irritation contre l’obstacle.

Finalement, il s’arrêta à l’un des angles du monticule et se mit à gratter la neige avec rage.

Aussi impatiente que l’animal, comprenant que quelque