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pour l’écarter avec ses pattes. Devant l’animal on apercevait les traces d’un passage récemment pratiqué et tout aussitôt rebouché par le gel et la neige.

Avec les crosses de leurs carabines les trois hommes eurent promptement déblayé le trou.

Et comme s’il n’eût attendu que cette aide, Salvator, se ruant sur la mince croûte qui obstruait encore le conduit, la creva sous le choc et s’enfonça avec de furieux aboiements.

Hubert se coucha sur la neige, au niveau de l’orifice, et appela :

« Isabelle ! êtes-vous là ? Pour l’amour de Dieu, répondez ! » Une voix, qui parut très faible et qu’on eût dit sortant de dessous terre, répliqua :

« Oui, Hubert, je suis là. Je ne suis pas seule. Mon père… »

Le reste de la phrase se perdit. D’ailleurs elle n’était pas nécessaire. Tout aussitôt les trois hommes se mirent à la besogne.

L’épaule herculéenne de Guerbraz ébranla les parois de cette tombe de glace sous laquelle on devinait des vivants ensevelis. Hubert, faisant une fusée avec une poignée de poudre, s’en servit comme d’un pétard de mine pour désagréger les blocs monstrueux que le froid avait soudés ensemble.

Au bout de vingt minutes d’efforts presque surhumains, une dernière explosion, la cinquième au moins, rompit la muraille du sépulcre, et l’on vit s’ouvrir une sorte de couloir souterrain.

Les trois hommes jetèrent un même cri. Ce qu’ils avaient pris pour un hummock n’était autre chose que l’arrière même du sous-marin, dont le reste de la carène s’enfonçait profondément dans la neige. Le capot relevé donnait l’aspect