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ment d’intérêt en faveur des efforts accomplis par mon frère et par moi ? »

Les sourcils de la jeune fille eurent un rapide froncement.

Mais cette irritation passagère fit place à l’enjouement ordinaire de la fantasque créature, car elle répondit avec son plus doux sourire :

« En douteriez-vous un seul instant, mon cher Hubert ? Me jugez-vous donc si étrangère aux choses de la science ? Sans doute, mon affection pour l’auteur ou les auteurs d’une invention que, sur la foi que j’ai en eux, je tiens pour admirable, n’est point exempte d’un peu de crainte. Mais, pour vous rendre toute ma pensée, je suis contente d’avouer qu’en tout ceci je suis surtout attentive aux résultats pratiques de notre campagne, et que je m’attache à vous avec d’autant plus de sollicitude depuis que je vous sais porteur d’une invention qu’on pourrail nommer la panacée des mécomptes en matière de découvertes. »

Un sourire vaguement sceptique courut sur les lèvres de la jeune fille.

Hubert d’Ermont n’était point encore à l’âge où l’on maîtrise d’un seul coup toutes ses impatiences. Ce persiflage souriant de Mlle de Kéralio faillit l’emporter au delà des limites qu’il s’était imposées en matière de confidences.

Mais, quelque violente tentation qu’il eût de jeter à la jeune fille la preuve irréfutable de son mérite, il se souvint juste à propos qu’il n’avait pas le droit de s’expliquer avant un jour et une heure fixés d’avance.

Toutefois, s’il n’avait point ce droit, la faculté lui était laissée de se défendre au moyen d’apparences favorables. Il