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À cet aspect, tous les courages se ranimèrent. Laissant là les traîneaux et le campement, la petite troupe s’élança vers les bords de cet océan mystérieux qui, sous ce jour éclatant, leur paraissait être l’effet d’un mirage.

Ils l’atteignirent assez promptement. Au bout de 2 kilomètres, ils plongeaient leurs mains dans l’eau salée. Et ce leur fut une volupté de sentir le contact de cette eau plus chaude sur leurs épidermes brûlés par le souffle mortifiant de l’aquilon.

Hélas ! ce ne fut là qu’une joie momentanée. Le souci venait de renaître.

Puisqu’ils n’avaient point retrouvé M. de Kéralio dans le trajet qui avait précédé, comment pouvaient-ils espérer l’atteindre désormais ? N’étaient-ils pas aux limites mêmes du globe ?

Une morne tristesse s’abattit sur eux et les tint en proie à toutes les angoisses.

Une fois de plus, ce fut Isabelle qui réagit la première.

Elle s’adressa à ses compagnons.

« Messieurs, dit-elle, il me paraît certain, cette fois, que mon père et ses deux camarades ont réalisé leur projet et couronné triomphalement leur tentative. »

Hubert la considéra, un peu surpris.

« Sur quoi vous fondez-vous pour parler ainsi, Isabelle ? questionna-t-il.

— Oh ! c’est bien simple, répondit la jeune fille. Nous sommes au bord de la mer libre, et nous avons devant nous la muraille de glaces que vous et M. Schnecker n’avez pu franchir avec le ballon. Or mon père a emmené avec lui le bateau sous-marin, n’est-il pas vrai ?