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phosphorescents indiquait que les carnassiers montaient une garde vigilante sans songer à clore-leurs paupières.

Comment tuer cette vermine que les calculs les plus modérés évaluaient encore à deux cents têtes ?

Le lieutenant prit une carabine et, tireur de premier ordre, donna le signal du feu contre les assiégeants. Autour de lui, les spectateurs applaudissaient à ce tir merveilleux, dont chaque mouche était accusée par l’extinction soudaine des deux points lumineux.

Ce jeu amusa la galerie pendant près d’une heure. Trente loups tombèrent ainsi sous le plomb de l’officier. Une cinquantaine d’autres, peut-être, furent immolés par les matelots.

Mais, comme les héros écrasés par le nombre, les marins de l’Étoile Polaire dirent enfin :

« Ils sont trop ! »

Or, pendant ce temps, les voyageurs étaient sur la route. Qu’allait-il advenir de leur rencontre avec les loups ?

On commençait à avoir sérieusement peur à bord du bâtiment.

Soudain une idée — lumineuse s’il en fut jamais — vint à l’esprit du commandant.

« Hardy, ordonna-t-il, reprenez les hommes de ce matin et portez-vous à la rencontre de nos pauvres amis. Nous allons éclairer votre route et la leur à l’aide des feux électriques. »

Aussitôt tout fut prêt. Le plus puissant des projecteurs tourna sa lentille vers le nord-est. Une nappe de lumière blanche fouilla les ténèbres et fit resplendir le cristal de l’icefield. Et dans cette clarté merveilleuse on put voir cinq ombres obscures se mouvoir péniblement à 1500 mètres du bateau.