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visité tous les ports de France pendant une période de deux mois, avait eu la chance de découvrir littéralement cette « étoile » sur son ber. Il l’avait immédiatement achetée pour le compte de M. Kéralio, et avait fait reprendre les travaux avec des dispositions particulières et des aménagements spéciaux pour la course à travers les glaces.

Le navire était muni de deux machines compound à triple expansion de la force de 500 chevaux. Il était formé d’une carène dont les varangues en demi-cintre concave renfermaient trois ponts et portaient un revêtement de bois de tek, laissant entre lui et la coque un vide de 22 centimètres rempli d’étoupe et de bourre de palmier. La quille, la carlingue, l’étrave et l’élambot étaient en acier enveloppé d’une sorte de gaine en cuivre.

Le cuivre avait été employé avec intention, pour donner plus d’élasticité à la coque. Il figurait dans les arcs-boutants et les joints du bâti, ce qui permettait au navire de subir de très fortes pressions sans se rompre. Un maître-bau longitudinal reliait les diverses parties du bâtiment et en faisait un tout presque homogène. Les épaisseurs du matelas de teck variaient entre 225 millimètres au centre du navire, 120 à l’avant et 100 à l’arrière. Toute la coque était distribuée en compartiments étanches. Outre la doublure de bourre entre les deux épidermes de bois, on avait garni les murailles et les lambris de minces feuilles de feutre comprimé, qui empêchait la perle du calorique et la pénétration de l’humidité. Pour éviter au gouvernail le choc des glaces, on avait lié à ses côtés de longues poutres revêtues de cuivre, formant daviers, avec le secours desquelles il serait possible de le démonter et de le coucher sur le pont.