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cable vers l’est. En outre, si vous calculez qu’il s’est écoulé juste une heure depuis leur dernier cri, nous annonçant la rencontre des bêtes, vous admettrez aussi bien que cettes-ci mettront encore le même temps pour les rattraper. »

Le commandant n’était pas tranquille. Il présenta de nouvelles objections :

« Oui, mais qu’est-ce que trois kilomètres pour ces animaux ? Ajoutez qu’à présent le vent porte l’odeur de nos hommes aux carnassiers, et qu’ils n’ont qu’à les suivre à la piste.

— Commandant, fit Hardy, il y a réponse à vos craintes, heureusement. Vous oubliez que le loup polaire est à peu près dépourvu d’odorat et qu’il chasse à vue.

« D’ailleurs, ajouta-t-il, il y a un moyen bien simple d’empêcher cette vermine de courir après nos hommes : c’est de les retenir ici. Cela nous donnera quelques heures de distractions en permettant d’exercer l’habileté des tireurs. Les cibles ne manqueront pas.

— Vous avez raison, approuva Lacrosse, retenons-les donc et tuons-les, si possible. »

Il y avait à bord de vieilles boîtes de conserves hors d’usage. Par l’ordre du commandant, toute cette viande gelée fut jetée en de vastes marmites qui lui rendirent pour un instant sa primitive élasticité, tout en dégageant une. puanteur de lard rance ou avarié qui réjouit les loups en dépit de leur peu d’odorat.

Ceux-ci s’étaient rassemblés à quelque cinquante mètres du navire et, redevenus silencieux, observaient les faits et gestes des marins.

À la première odeur qui leur parvint, tous tendirent le cou,