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aux trois quarts plein, et nous ne souffrons pas du froid. Mais nous manquons de luminaire et ne savons par quel côté attaquer la paroi.

— Avez-vous des vivres ?

— Oui, par bonheur, pour deux jours.

— C’est bien, conclut Lacrosse. Je vais vous envoyer deux hommes pour aider à vous déblayer. Vous rentrerez tous ensemble. »

Il y avait trois kilomètres environ entre l’observatoire et la station du navire. Dans l’état où se trouvait le pack, il fallait compter que la colonne de renfort — soit les deux hommes que le commandant allait envoyer — mettrait près de deux heures pour rejoindre les prisonniers de l’observatoire. Lacrosse conféra sur-le-champ avec le lieutenant Hardy afin de choisir les deux hommes. Il était, dès à présent, décidé que le lieutenant en personne prendrait le commandement d’une seconde troupe, si la première ne parvenait point à destination.

On choisit donc parmi le personnel valide, réduit présentement à seize matelots. Il se trouva que le mieux portant et le plus robuste était ce même Gaudoux que le commandant avait préposé à la garde du chimiste Schnecker. On le releva donc de ses fonctions et on lui adjoignit un de ses compatriotes. Les deux hommes, considérés comme enfants perdus, furent équipés le plus chaudement possible et pourvus des meilleures armes. On leur confia, en outre, les saucissons de dynamite indispensables au dégagement de l’observatoire.

Ils descendirent sur le pack vers dix heures du matin, moment des plus grandes clartés. Le ciel, tout gris de neiges suspendues, prêtes à tomber, ne laissait passer qu’une lueur