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surhumain, les hivernants purent enfin dégager le pont. Comme la température ambiante ne s’était point abaissée au-dessous de 10 degrés inférieurs au zéro, on put se frayer un chemin au dehors et descendre sur le pack. L’Étoile Polaire, ceinte de blocs énormes, rongés à leur base par le courant d’eaux chaudes, mais arrêtés dans leur course par l’obstruction de banquises précédentes, n’avait plus rien à craindre désormais. Elle était enfermée dans une gangue d’où, selon toute apparence, elle ne sortirait plus avant la fin de l’hiver.

On était donc à peu près rassuré sur le lendemain du navire.

Mais il n’en était pas de même pour ce qui concernait les trois hommes envoyés à l’observatoire, et dont on était sans nouvelles depuis la veille au soir.

Très inquiet, le commandant Lacrosse courut au téléphone et établit la communication.

Par bonheur l’instrument n’avait pas souffert. Enfoui sous trois pieds de neige ancienne, le fil n’avait rien ressenti des perturbations récentes de la surface.

Ce fut le Dr Le Sieur en personne qui répondit aux Allô ! allô ! du commandant.

La conversation fut brève et émouvante.

Le commandant demanda :

« Est-ce vous qui me parlez, docteur ?

— Oui, commandant, répliqua le médecin.

— Donnez-moi de vos nouvelles.

— Nous sommes sains et saufs tous les trois, grâce à Dieu, Le Maout seul souffre un peu des gencives. Nous devons avoir cinq pieds de neige au-dessus de nous, car nous sommes totalement ensevelis. Par bonheur, le tube d’hydrogène est encore