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Groenland venaient battre l’arête libre de la falaise. On utilisa à cette fin une partie des constructions en planches, et, pour ne point fatiguer l’équipage, on décida que, chaque nuit, trois hommes y séjourneraient, se relevant toutes les trois heures dans leur besogne d’observation. Le Dr Le Sieur et le lieutenant Hardy eurent à se partager la mission du contrôle, de ces observations. Chacun d’eux passait alternativement une nuit dans l’abri provisoire, au centre duquel un poêle chauffé à l’hydrogène entretenait une température supportable.

Ce qu’il fallait déterminer au plus tôt, c’était la cause de la déviation des glaces et la présence d’allées d’eau sans cesse recouvertes au voisinage du promontoire. Les constatations recueillies permettraient de chercher un nouvel emplacement d’hivernage pour l’Étoile Polaire, dans le cas où son mouillage actuel serait reconnu dangereux.

Le projet fut immédiatement réalisé. L’observatoire fut créé à la pointe septentrionale extrême de l’île, qui se trouvait être en même temps la pointe orientale. Tous les deux jours, le service régulier y ramena le Dr Le Sieur et le lieutenant Hardy.

Or il advint que, dans la nuit du troisième jour, les communications furent brusquement interrompues entre le navire et l’observatoire. Seul l’appareil téléphonique qui mettait en relations les deux points permit à ceux de l’Étoile Polaire de conserver quelques rapports avec les trois hommes isolés dans l’observatoire, parmi lesquels se trouvait le médecin.

Vers une heure du matin, en effet, une dépression subite provoqua une chute ininterrompue du mercure dans le baromètre. La température se releva violemment de 25 degrés au-dessous de glace à 1 au-dessus. Mais en même temps le vent, venant de l’est, se mit à souffler en tourbillons neigeux.