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les emporter avec moi. D’ailleurs les services que j’ai rendus à l’expédition sont les plus sûres garanties de mon savoir. »

Lacrosse ne put contenir un mouvement d’humeur.

« Je n’ai aucune suspicion à l’encontre de votre savoir, dit-il. Si je réclame la production de vos diplômes, c’est pour un tout autre motif. Oui ou non, pouvez-vous les montrer ?

— Non. Je vous répète que je les ai laissés chez moi, à Paris.

— En ce cas, vous ne trouverez pas mauvais que, jusqu’à nouvel ordre, je vous tienne, moi, pour Hermann Schnecker, sujet allemand, né à Kœnigsberg, diplômé de l’université de Dresde…. »

Le coup était bien porté.

Le chimiste se leva, très pâle. Il essaya de protester. Mais Lacrosse ne lui en laissa pas le temps.

« Et que je m’en tienne à la preuve que me fournissent les papiers que voici », ajouta le commandant de l’Étoile Polaire, en plaçant sous les yeux du lieutenant Hardy le document trouvé par lui dans le laboratoire.

« Monsieur, reprit Schnecker, ceci est un abus de pouvoir absolument inique. »

Lacrosse, très froid, répliqua :

« Vous avez reconnu tout à l’heure que je suis maître à mon bord. En conséquence, bien que j’ignore les motifs qui ont pu vous pousser, je vous accuse d’avoir voulu attenter à la sûreté de l’équipage et au succès de l’expédition en faisant perdre notre provision d’hydrogène liquide. Je ne veux pas prononcer sur votre sort avant le retour de M. de Kéralio, chef suprême de l’expédition. Mais je décide que désormais vous serez consigné dans votre chambre, sous la garde d’un matelot, et que