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paroles méfiantes d’Hubert d’Ermont. Et croyant lire sur les traits de l’Allemand les signes d’un héroïque triomphe, il congédia les matelots.

« Gaudoux, ordonna-t-il en finissant, tu vas te tenir à ma disposition. Au premier signe, tu reviendras. »

Puis, arrêtant du geste le lieutenant, qui se disposait à sortir :

« Restez, Hardy, dit-il, j’ai besoin de vous. »

Son ton était empreint d’une telle gravité que, pour la troisième fois, le chimiste se troubla.

Le commandant venait de lui désigner une chaise et l’avait prié de s’asseoir.

Dans le tête-à-lêle qui suivit, l’explication fut d’une formidable brièveté.

Bernard Lacrosse n’y allait pas par quatre chemins. Il commença :

« Monsieur Schnecker, vous pouvez vous estimer heureux de ce que je ne vous fasse point fusiller séance tenante. Je tiens à vous signifier toutefois que ce n’est là que partie remise. »

Il avait prononcé ces mots en plongeant dans les prunelles du chimiste, qui devint livide, son regard aussi clair, aussi froid qu’une lame d’acier. Le lieutenant Hardy avait tressailli et pâli, lui aussi. Un dialogue commençant en de semblables termes ne promettait rien de bon. Cependant le jeune officier ne se pressa pas de juger son chef.

Bernard Lacrosse, conservant son calme, poursuivit :

« Dès à présent votre déclaration contient une contradiction manifeste. Vous nous avez déclaré tout à l’heure que l’objet de votre descente dans la cale était de fermer les tubes laissant échapper leur gaz, et il résulte de la déposition de mes deux