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À leur vue, l’Allemand changea de couleur et sa face se contracta.

Aussi bien que son chef, le lieutenant Hardy et les deux matelots remarquèrent cet inexplicable bouleversement des traits du chimiste. Tous trois, éloignés de toute méfiance, considérèrent avec stupeur cette scène totalement imprévue. Leurs regards allèrent alternativement du commandant à Schnecker et de Schnecker au commandant.

Ce fut bien autre chose lorsque Lacrosse, prenant l’offensive, se mit à les interroger.

D’un geste il fit signe à Gaudoux de parler, tandis que sa voix, très dure, formulait cette question :

« Qu’avez-vous remarqué d’insolite dans la cale ? »

La réponse des deux matelots fut identique dans sa spontanéité.

Ils avaient entendu du bruit, aperçu une silhouette errante. Pendant que Gaudoux courait au plus pressé, c’est-à-dire aux tubes qui perdaient leur gaz, son compagnon donnait la chasse à l’inconnu. Or cet inconnu n’était autre que le chimiste Hermann Schnecker.

Mais, en même temps, tous deux paraissaient confus du résultat.

Il était visible qu’aucun soupçon de leur part n’avait effleuré le personnage. Ils ne l’auraient point osé ; il ne pouvait leur venir à l’esprit que celui-ci pût être un traître.

Le commandant Lacrosse se rendit compte tout de suite de la difficulté de la situation. Les preuves morales qu’il possédait n’étaient que des présomptions, les preuves matérielles faisaient défaut.

Alors, plus que jamais, lui revinrent à la mémoire les