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« Comment ! c’est vous, monsieur Schnecker ? Que faisiez-vous donc en bas ? »

Le chimiste était visiblement décontenancé. L’exclamation du lieutenant lui rendit sa présence d’esprit. Hardy semblait si étonné que l’Allemand ne désespéra pas d’en réchapper. Il essaya de le prendre sur le ton de la plaisanterie, et, éclatant de rire :

« Parbleu ! messieurs, fit-il à son tour, vous pouvez vous vanter de m’avoir fait une fière peur !

— Pourquoi… peur ? » répéta Hardy de plus en plus interloqué.

Le commandant Lacrosse intervint assez brusquement :

« Que faisiez-vous dans la cale, à cette heure, monsieur Schnecker ? » interrogea-t-il avec rudesse.

Le chimiste avait eu le temps de préparer sa défense. Elle fut crâne.

« Commandant, répliqua-t-il, j’étais descendu pour fermer l’écrou d’un ou deux tubes d’hydrogène, dont j’avais entendu le gaz s’échapper il y a quelques instants. »

L’excuse était plausible. La conduite du chimiste s’expliquait tout naturellement. Il avait entendu le bruissement de l’hydrogène avant que ce bruit fût perçu par Lacrosse lui-même, et il avait eu tout de suite la pensée de sauver d’une mort affreuse l’équipage du navire, menacé d’une explosion. À ce titre, c’étaient des éloges qu’on lui devait et non des remontrances.

Le commandant Lacrosse se sentit un instant très embarrassé. Quelle conduite allait-il tenir, quelle attitude garder en face de cet homme prudent et injustement soupçonné ?

Mais en ce moment même Gaudoux et son camarade sortaient de l’écoutille.