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ouvert, son compagnon débusquait résolument le mystérieux visiteur de la cale.

Mais au moment où le matelot étendait le bras pour saisir l’intrus, celui-ci, éludant l’attaque, s’élançait vers l’arrière, et parcourait à son tour le chemin que venaient de suivre les deux marins.

Ceux-ci n’eurent plus qu’à appuyer simultanément la chasse.

Ils savaient en effet qu’à l’autre bout le panneau du carré était seul ouvert, et que là, le commandant Lacrosse et le lieutenant Hardy ne laisseraient point passer l’inconnu sans un bout de conversation.

Ce fut ce qui se produisit.

En entendant comme un bruit de course et de pas précipités sous leurs pieds, les deux officiers, d’un accord tacite, fermèrent la porte du carré et se dissimulèrent pour laisser le fuyard sortir de la cale comme un diable de boîte à surprise.

Ils n’eurent pas longtemps à attendre.

Deux mains se posèrent sur les bords de l’écoutille, puis une tête en émergea. Finalement un homme surgit tout entier du trou, les vêtements souillés de poussière, de taches de goudron et aussi de toiles d’araignées vieillies, le visage bleui par un commencement d’asphyxie. Avant qu’il eût pu gagner la porte, Hardy et Lacrosse l’avaient saisi et mis dans l’impossibilité de résister.

Le commandant de l’Étoile Polaire ne prononça pas une parole.

Ce qui arrivait était dès longtemps prévu. Mais le lieutenant Hardy, qui n’avait pas les mêmes motifs de soupçon, ne put s’empêcher de jeter un cri.