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elle savait ceux qui venaient de parler tout à fait capables de la réaliser.

On se borna donc à remplir les coupes de champagne, et un toast spécial fut porté au succès de la future expédition.

C’était ainsi qu’avait pris naissance l’idée de cette campagne au Pôle Nord.

Mais, une fois l’accord établi à ce sujet, il avait fallu en dresser le plan.

Tout d’abord, M. de Kéralio avait obtenu pour Hubert d’Ermont le congé nécessaire. Puis il avait appelé à lui un vieil ami, Bernard Lacrosse, ancien officier de la marine française, que son peu de fortune avait contraint d’abandonner le service de l’État pour accepter le commandement d’un transatlantique. Après cinq années de cette nouvelle existence, le commandant Lacrosse avait fait partie, en qualité d’officier volontaire, d’une expédition russe au Pôle Nord par la Nouvelle-Zemble. À quarante-deux ans, il était reparti pour les terres antarctiques, cette fois officier en second d’un navire français. Il en était à peine de retour, qu’une lettre de M. de Kéralio le réclamait au nom de l’amitié et de la science. Il s’était empressé d’accourir.

D’accord avec M. de Kéralio et Hubert d’Ermont, Lacrosse avait choisi et rassemblé l’équipage de l’Étoile Polaire. Tel était en effet le nom prédestiné du navire.

Ce furent tous de joyeux compagnons, ces navigateurs du Pôle, car on sait combien la gaieté et l’entrain sont des qualités indispensables chez ceux qui vont courir de pareilles aventures. Les trois initiateurs de la campagne avaient fait avec un discernement scrupuleux le choix du personnel, en