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Le lieutenant tendit l’oreille et perçut à son tour l’étrange bruissement.

« D’où peut naître ce bruit ? » demanda-t-il.

Les deux officiers revinrent sur leurs pas. Une circonstance tout à fait insignifiante les mit sur la voie de la vérité.

Comme ils repassaient par le carre, Hardy trébucha, son pied s’étant pris dans le tapis qui recouvrait le parquet. Il se redressa en maugréant et alla prendre une des lampes pour reconnaître la cause du faux pas qu’il venait de faire.

On s’aperçut alors que le tapis était relevé. Sous le tapis s’ouvrait un panneau qui donnait accès dans la cale. Ce panneau, bien que rabattu, n’était point fermé.

Il était évident que quelqu’un l’avait ouvert. Peut-être même ce quelqu’un était-il descendu dans la cale et s’y trouvait-il encore. Un soupçon traversa l’esprit du commandant.

« Hardy, dit-il, voulez-vous appeler deux hommes ? Nous allons les faire descendre. »

Le lieutenant devina-t-il les intentions de son chef ? Toujours est-il qu’il alla quérir deux des matelots et leur enjoignit de descendre immédiatement par le panneau.

Ceux-ci obtempérèrent au commandement et, se glissant sans bruit par l’étroite ouverture, se mirent à ramper avec mille précautions au-dessus des bagages et des marchandises de toute nature, à travers de denses ténèbres, s’efforçant de gagner le centre du navire, où s’ouvrait le grand panneau carré des chargements.

Le bruit qui avait éveillé les soupçons du commandant leur parut plus fort.

C’était un sifflement ininterrompu, sur la nature duquel ils n’eurent pas une seconde d’incertitude.